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© Guillaume Thieriot
Manuel de Araujo, le maire mozambicain qui rêve de faire de sa ville une Capitale Verte africaine
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Publié le 14/02/2022
Manuel de Araujo est un aficionado du vélo. A Quelimane, la ville du Mozambique dont il est le maire, c’est à bicyclette qu’il se rend au travail, ce qui en fait un élu africain atypique. Il est venu passer deux jours à Grenoble, Capitale Verte de l’Europe, en quête d’inspiration et de partenariats. Nous l’avons rencontré.
En photo : Manuel de Araujo en visite à Grenoble
« Ce que je vois ici, c’est ce dont je rêve pour ma ville », lance Manuel de Araujo, « je suis maire de Quelimane depuis 2011 ; j’avais dans mon programme des mesures que je n’ai malheureusement pas pu mettre en œuvre en 10 ans, et que vous appliquez à Grenoble ».
Mercredi 9 février, à Grenoble, l’édile mozambicain a notamment testé les pistes « Chronovélo ». « C’est un rêve pour les cyclistes ici : les vélos ont la priorité ! », pointe cet amoureux de la petite reine. « Dans ma ville de Quelimane, nous sommes en train de construire la première piste cyclable de tout le Mozambique », précise avec fierté Manuel de Araujo. Et d’ajouter : « je suis très heureux des progrès que nous enregistrons, mais il reste beaucoup à faire ».
Diplômé de l’École des Etudes Orientales et Africaines de l’Université de Londres et de l’Université d’East Anglia, où il a poursuivi son doctorat en développement international, Manuel de Araujo a d’abord travaillé pour Amnesty International au Royaume Uni avant de revenir s’engager en politique chez lui. C’est sous la bannière d’un parti d’opposition qu’il a décroché en 2011 la Mairie de Quelimane, 5ème ville du Mozambique, et capitale de la province de Zambézie, deuxième province la plus peuplée du pays.
« Je suis ici pour apprendre, pour voir si nous pouvons établir des partenariats avec Grenoble Capitale Verte de l’Europe », explique Manuel de Araujo, après ses entretiens avec Eric Piolle, maire de Grenoble, et Salima Djidel, vice-présidente de Grenoble-Alpes Métropole, « parce que mon rêve est de faire de Quelimane une capitale verte africaine ». Il poursuit : « nous avons du potentiel au Mozambique : chez nous, c’est l’été toute l’année, et l’énergie solaire pourrait permettre de répondre aux défis énergétiques auxquels fait face le Mozambique. Nous pourrions aussi utiliser l’énergie éolienne ».
« Beaucoup de jeunes de ma ville aimeraient faire bouger les choses », ajoute l’élu de 51 ans, « mais il nous manque la connaissance, le capitale humain, le partage d’expériences, et c’est ce que je suis venu chercher ici ». D’autant qu’il n’est pas toujours facile de porter ces idées au Mozambique, avoue Manuel de Araujo. « C’est même un défi, parce que le gens pensent que vous êtes fou », dit-il, « en Afrique, le leader, dans l’imaginaire collectif, doit avoir des privilèges, et rouler dans une grosse voiture. Moi, j’apporte un autre modèle, j’estime que je n’ai pas besoin d’être différent des gens ordinaires », conclut le maire de Quelimane. Mais bousculer l’ordre établi n’est pas sans risque au Mozambique. En 2019, alors qu’il briguait le poste de gouverneur de sa province de Zambézie, Manuel de Araujo a fait l’objet de menaces de mort, et la maison de sa mère a été incendiée. Pas de quoi le dissuader toutefois de continuer de tracer sa route à bicyclette.